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07/08/2012

Ludovic Degroote, Les marronniers

 

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à l'automne les marronniers

font un grand vide

ils désertent la terre

à laquelle ils reviennent

 

eux aussi avaient un ventre

avec une histoire sous les feuilles

et de la mémoire vieillie

qui tombe en s'en allant

 

peut-être même vivent-ils

tant qu'ils tombent

comme nous tombons

tant que nous vivons

 

dans ce grand moment

des disparitions inabouties

nous nous taisons à demi

sans nous perdre tout à fait

 

à l'automne les marronniers

ou je ne sais quoi

dans le retrait de la vie

le silence incomplet de ma mélancolie

 

Ludovic Degroote, Les marronniers, Poètes

au potager, Contre-allées, 2012, 5 €.

Commande : Contre-allées, 16 rue Mizault, 03100 Montluçon

04/07/2011

Ludovic Degroote, Pensées des morts

 

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je pense à eux

qui ne pensent sans doute pas toujours à moi

 

J’essaie de les suivre durablement dans leurs histoires de mort

 

ça fait une vie pour soi comme toutes les histoires

 

en attendant nous de passer à l’histoire

 

on la précède un peu

 

                                        ***

 

tel et tel : grand travail de trou dans le corps, y enterrent la mémoire des autres, dans la disparition de leur peau, les morts nous traversent, me peuplent avec ces vides entre eux corps visibles et constitués, mémoire multiple, hissé dans cette faille les mains agrippées à la lèvre du corps apparu

 

 a mis tant de temps à mourir , peut-être qu’il n’y arrivait pas bien en dépit de tous ses efforts, les autres n’attendaient que ça, fin d’espoir, on le disait à le regarder accroché

 

pluie dedans, mémoire qui mouille le corps, il se lève, il franchit le silence, il se tient comme il peut, rythme tenant sur un souffle, pareil à ces ponts de métal élastiques, il se rejoint

 

toute son enfance est restée dans cette mort, et ce qui a poussé ensuite — ombre sans corps

 

 

Ludovic Degroote,  Pensées des morts, éditions Tarabuste, 2002, p. 31 et 63.